Un chemin très sinueux...
A 6 ans, j’ai fait ma première communion. Une certitude : le Seigneur me veut toute à lui. Une grande joie intérieure m’habite : « je donnerai tout à Jésus, Il est ma joie ».
A 18 ans, se pose la question : vie contemplative ? vie apostolique ?
Je vais dans un monastère, j’y fais des séjours réguliers pendant plus de 2 ans. En parallèle, je côtoie une congrégation apostolique sur ma paroisse. Catéchèse, équipes liturgiques, centres aérés, camps d’ados. Dans le monastère je me sens très bien, mais je ne peux pas faire ça à mes parents.
A 21 ans, j’entre dans la congrégation apostolique. Le Seigneur est ma vie, Il est ma joie, je suis HEUREUSE. J’ai la certitude que le Seigneur m’appelle et me veut toute à Lui.
Je fais ma profession temporaire, et après trois ans, après une retraite de 30 jours, je fais ma profession perpétuelle. Je suis sûre de moi !
Mais après 4 ans, je suis devenue triste, je ne veux pas être un témoin aigri de l’amour du Seigneur, alors je décide de partir, et demande à être relevée de mes vœux.
J’ai un travail auprès de délinquants, puis de jeunes en difficulté. Je me consacre totalement à ces jeunes, mais il y a toujours en moi cette culpabilité d’avoir trahi « mon » Seigneur.
Je vis, je suis heureuse, j’ai plein de relations, je profite à fond de la vie.
Après 22 ans de cette vie, un événement douloureux intervient. Aussitôt je crie au Seigneur : « Je ne comprends pas, mais je suis sûr de toi ».
Je me replonge dans la petite voie de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Une soif de silence, de retrouver mon Bien-aimé s’impose à moi. Je vais donc très régulièrement dans un monastère d’hommes (je ne prend aucun risque !!) pour mieux retrouver Celui à qui je voulais TOUT donner. Il me manque quelque chose pour être heureuse.
Je rencontre régulièrement le Père abbé, qui ne doute pas de ma vocation religieuse et qui me dit : « il faut ressusciter » !
Il y a un an, dans ce monastère, j’ai fait une rencontre, la prieure d’un monastère qui célèbre en toute discrétion ses 50 ans de profession religieuse. Ancienne religieuse de la Congrégation, je l’ai « vaguement » connue, mais elle était rentrée au monastère avant que je n’entre dans cette Congrégation. Cette rencontre est pour moi un cadeau du Seigneur.
Je suis envahie d’une joie profonde que je ne comprends pas. Lui, le Fidèle, le Patient, me fait signe à moi, l’enfant prodigue... mais j’attends quatre mois pour aller dans ce monastère.
Il n’y a rien pour moi, je ne sais ni coudre, ni tisser, je ne sais qu’accompagner des jeunes. Pourtant, je reviens régulièrement. Je partage beaucoup et en vérité avec la prieure, et, je lâche prise ! … Tout ce qui était en moi rejaillit. Je ne peux plus résister à l’appel du Seigneur. Il avait gardé mon petit doigt dans sa main, j’ai remis toute ma main dans la sienne, et ne veut plus la lâcher. Il est le TOUT de ma vie.
Quand je rentre chez moi, au travail, on me trouve transformée, pour certains je suis amoureuse (et c’est vrai) ! pour d’autres, il y a quelque chose de plus qu’avant. Ils me disent que « je rayonne de bonheur ». J’ai retrouvé mon premier amour. On me disait : « il faut marcher au pas de Dieu ». Comme il m’attendait depuis longtemps, je crois que dès qu’Il m’a retrouvée, son pas s’est accéléré !
Neuf mois après mon premier séjour, je rentre au monastère. Heureuse, j’ai retrouvé la Paix. Tout n’est pas simple, j’ai eu des combats, j’en aurai d’autres car FAIRE CONFIANCE, S’ABANDONNER, NE COMPTER QUE SUR LUI, ce n’est pas spontané, mais je sais que je ne serai pas seule. Il est là et sera toujours là. « Je suis avec Toi, ne crains pas » et il y a aussi la Communauté qui m’accueille qui sera là pour m’accompagner. Ce dont je suis sûre, c’est que je n’ai pas de plus grand bonheur que Lui (Ps 15) et je sais qu’Il m’aime de son amour miséricordieux, et qu’Il me donnera la force de poursuivre le chemin si je m’appuie sur Lui. Alors : FIAT.