Il faut bien le reconnaître...

Quand j'entends dire : "Dieu nous aime", cela ne me fait ni chaud, ni froid, il aime en tas et c'est un peu comme quand je dis : "J'aime tout le monde", c'est presque du : "je n'aime personne".

Si ça lui fait plaisir de nous aimer, tant mieux ! C'est qu'il ne peut pas faire autrement.

Mais moi, je suis seule et c'est plus dur encore quand je me sens perdue dans la foule, avalée par la foule des anonymes, des indifférents.

Nous, les femmes, on le sait bien, quand un regard s'attache à nous, insistant et profond,, ou bien on déteste et on détale, ou bien on commence à s'interroger : "Va-t-il m'aimer ?". Ce regard qui me fait exister autrement, vais-je le croiser, lui faire face ?

Eh bien je peux vous le dire, Dieu, c'est pareil : un jour je me suis sentie regardée et cela me suivait partout, mais pas comme un regard qui vous fouille et ne vous lâche pas, mais un regard très humble, qui frappe avant d'entrer, un regard qui m'espérait. Et je l'ai regardé ! C'était l'infini d'amour, de la lumière et du bonheur : celui que j'aime et que je n'ai jamais vu m'ouvre grande la porte et me rend capable d'aimer, parce qu'il n'est qu'amour et se met à mes pieds ! C'est fou !

Au début, on se cabre encore, on croit rêver et puis non, c'est cohérent, c'est fort comme une alliance : "Je suis avec toi tous les jours jusqu'à la fin du monde ; je hais le mal, j'aime la Vie, je suis la Vie, et voilà, je crois en toi, laisse passer ma lumière, aime à l'extrême, tous tes frères, tu es né pour cela !"