S'engager dans la vie monastique
Comment devient-on moine ?
Nous veillons à mettre en pratique le conseil de Saint Benoît : ne pas accorder facilement l’entrée aux candidats qui se présentent, et les avertir « des choses dures et âpres par lesquelles on va à Dieu » sur le chemin de la vie monastique. Il ne s’agit donc en aucun cas de jouer une certaine séduction. D’ailleurs les jeunes, du moins ceux qui ont une forte personnalité, détestent cela. Ils ont plutôt soif d’absolu et sont davantage attirés lorsqu’on leur parle du caractère austère et radical de notre vie… qui est source d’une joie très profonde.
J’aime à leur dire que « le moine est un fou avec une idée fixe : Dieu », et qu’il faut être fou amoureux du Christ et saintement entêté pour persévérer toute sa vie au monastère… « car toujours dure longtemps » ! comme dit le titre d’un livre du Père Jérôme, moine de Sept Fons.
Nous veillons donc à ce que ce soit vraiment sur une décision libre et personnelle qu’ils fassent le pas pour entrer au monastère : « Est-ce que tu le veux ? Est-ce que tu le peux ? C’est à toi de répondre librement à l’incroyable invitation d’amour du Christ de tout quitter pour le suivre. Son appel est à la fois pressant et discret, car quand est vraiment amoureux, on est toujours timide ! Et la vocation monastique est cette déclaration d’amour du Christ t’invitant à vivre exclusivement dans son intimité. La balle est dans ton camp. Ne me passe pas tes coordonnées. Ce n’est pas moi qui te recontacterai. C’est à toi de revenir frapper à la porte du monastère. »
Parfois, je dis aussi à celui qui vient faire un essai de 15 jours : « Écoute, je vais prier pour que, si ce n’est pas ici que Dieu t’appelle, ton séjour ne se passe pas bien, que tu n’arrives pas à t’intégrer… par contre si c’est bien ici ta place, je vais demander au Seigneur de t’attirer encore plus dans notre communauté. » Nous n’avons en effet aucun intérêt à encourager un candidat qui sera ensuite un fardeau pour la communauté, s’il est malheureux et pas à sa place.
Au moment de faire le pas pour entrer au noviciat, le candidat est alors souvent comme quelqu’un qui meurt d’envie depuis longtemps de sauter en parachute, mais voilà que lorsque son grand rêve est sur le point de se réaliser, il tremble inévitablement devant la porte ouverte de l’avion, en vue du grand saut !
Le Père Maître des novices